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Chirurgie bariatique

Publié le 19 juin 2024Lecture 4 min

Suivi en chirurgie bariatrique : le bilan sur 20 ans de pratique

Gabrielle BOGA, Rennes

Quels freins s’opposent au suivi des patients en situation d’obésité ayant subi une chirurgie bariatrique ? Et notamment au suivi dans les années suivant l’intervention, la qualité de ce dernier est la clé du succès de la chirurgie bariatrique. Quels leviers mettre en place, parfois hors cadre thérapeutique ? Les précisions du Dr Maxime Sodji, chirurgien à la polyclinique François Chenieux (Limoges), qui partage son expérience de 20 ans.

Sur ces deux dernières décennies, comment le suivi des patients opérés pour leur obésité a-t-il évolué ? Comment garder contact avec eux après la chirurgie, en prévention des complications et leur assurer une prise en charge globale (algologie, nutrition, psychologie, maintien de la perte de poids…) ?   Déconnexion entre le terrain et la HAS Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), en 2009, les patients doivent être vus au moins quatre fois la première année suivant l’intervention, et au minimum deux fois les années suivantes. Un suivi assuré par l’équipe multidisciplinaire normalement mis en place au cours de l’éducation thérapeutique, en mettant le médecin généraliste au cœur du suivi. Reste que la moitié des patients sont perdus de vue 2 ans après l’intervention chirurgicale. Selon le Dr Maxime Sodji, chirurgien à la polyclinique François Chenieux (Limoges), il existe un décalage entre les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et la pratique des médecins généralistes sur le terrain pour assurer la surveillance de leurs patients en routine. Comment l’expliquer ? Par manque de temps, de formation, par le sentiment d’inefficacité ou encore le manque d’observance de la part des patients.   SMS, groupes de parole, enquêtes En 2011, Maxime Sodji a mis en place un dispositif de suivi des patients par SMS, financé par l’Agence régionale de santé (ARS). À l’époque, le SMS apparaissait comme un nouveau canal de communication mais ce dispositif s’est essoufflé avec un taux de perdus de vue importants. Le spécialiste s’est ensuite basé sur des éléments moins objectivables mais tout aussi essentiels pour un suivi de qualité des patients, à distance de l’intervention : la bienveillance, l’information, l’implication, l’adhésion, en considérant le patient comme expert et impliqué dans sa prise en charge. Il paraît censé d’impliquer le patient dans son suivi avec le facteur humain et relationnel. Des groupes de paroles ont été organisés puis des réunions trimestrielles rassemblant 200 à 300 personnes à chaque session, pour parler en toute transparence du risque de complications. Comment s’assurer de l’implication réelle des patients ? À chaque réunion, des enquêtes via Google Form pour avoir une idée des informations retenues par les patients, sont diffusées. Pour informer et fédérer les proches, une page Facebook pour les conjoints des patients opérés a été créée.   Activité physique, art-thérapie Il est essentiel de promouvoir l’activité physique, non dans le but d’accentuer la perte de poids, mais plutôt dans l’objectif de la maintenir. Comment ? À ce jour, une quinzaine d’associations ouvertes vers l’extérieur permettent de lutter contre la sédentarité. Elles se réunissent toutes lors d’un événement annuel type olympiade appelé “Ensemble contre la sédentarité”. L’obésité, et plus globalement la maladie chronique, isole. M. Sodji s’est demandé si l’art-thérapie ne pouvait pas participer au mieux-être du patient tout en jouant le rôle de vecteur pour l’inciter à rester dans son parcours de soins. Des ateliers d’art-thérapie sur une durée de 3 ans sont proposés aux patients volontaires avec différentes thématiques autour de l’obésité. Ce temps de créativité sans blouse ni bistouri donne aux patients l’occasion de se raconter. L’art-thérapie a permis de délivrer les patients de leur maladie et de libérer leur créativité, d’occuper la partie saine pour oublier la partie malade. Sur le plan de la psychiatrie, le chirurgien a créé l’association ADDALIM autour de l’addiction alimentaire, en recueillant tous les témoignages liés à ces situations de dépendance face à l’assiette, sachant que toutes les personnes obèses ne présentent pas d’addiction alimentaire et vice versa. Enfin, pour permettre à tous les patients de continuer d’aller au restaurant, sans forcément venir avec leur propre repas, des partenariats avec les restaurants ont été mis en place pour que des options puissent être possibles au menu pour les patients en situation d’obésité et/ou récemment opérés.   Conclusions Les groupes de parole et réunions collectives entre patients et PDS, ou encore les pages Facebook dédiées aux proches des patients opérés restent de bons leviers pour susciter l’adhésion des patients. La promotion de l’activité physique et la pratique de l’art-thérapie incitent le patient à prendre soin de lui et favorisent l’adhésion thérapeutique et le mieux-être du patient. La chirurgie n’est pas LA solution pour soigner la maladie complexe qu’est l’obésité. Partir du patient, de la maladie, plus que de la chirurgie à elle seule pour articuler le suivi sur le long terme, semble être une solution efficace.

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